Au début du vingtième siècle, le clergé constituait le principal pouvoir au Québec. Connu pour sa politique conservatrice, celui-ci usera de tous les moyens afin de préserver la culture, les mœurs et l’identité canadienne-française de toute influence étrangère. L’une des armes utilisées par l’Église catholique pour sa réussite face à ce défi fut la littérature. En effet, pour contrer tout parasite menaçant la culture québécoise, cette dernière encouragera la publication de romans du terroir. Ce genre littéraire qui glorifie la compagne et qui prône l’agriculture comme le mode de vie idéal. Maria Chapdelaine est un roman du terroir, il est cependant plus réaliste que les œuvres qui le précèdent. Afin de le prouver, j’évoquerai en premier lieu les descriptions de l’auteur ensuite, l’aspect socioculturel du roman.

Tout d’abord, dans ce roman Louis Hémon met en scène des personnages issus d’une catégorie sociale précise, vivant dans une région existante et dans un contexte historique réel. En effet l’histoire des Chapdelaine, se déroule aux environs des années 1910 dans une ferme dans une région au nord de Péribonka. Le réalisme qui caractérise ce roman est flagrant au fil de la lecture et se déduit notamment par les descriptions de l’auteur en ce qui a trait à l’ardeur de la vie à la compagne et les difficultés que rencontrent les défricheurs. C’est constatable à travers les sentiments des personnages et les conversations qu’ils entretiennent entre eux durant le travail. Par exemple ce paragraphe où l’auteur décrit Edwige Légaré entrain de couper une souche : « Edwige Légaré s’était attaqué seul à une souche ; une main contre le tronc, de l’autre il avait saisi une racine comme on saisit dans une lutte la jambe d’un adversaire colossal, et il se battait contre l’inertie alliée du bois et de la terre en ennemi plein de haine que la résistance enrage. La souche céda tout à coup, se coucha sur le sol ; il passa la main sur le front et s’assit sur une racine couvert