Mariage de figaro
Beaumarchais
Pierre-Augustin Caron, né en 1732 d'un père horloger, refuse d'apprendre le métier paternel, puis se ravise, invente même un mécanisme d'horlogerie, devient horloger de la cour, puis maître de harpe des filles de Louis XV; il prend le nom de Beaumarchais, acquiert une charge à la table du roi, et se transforme en financier.
En 1764, il est à Madrid, y fait d'étonnants projets de commerce mêlés d'intrigues politiques, hérite en partie les biens du financier Pâris Duverney, ce qui l'entraîne dans un procès de huit ans. Il se défend avec acharnement, en utilisant sans scrupule tous les moyens possibles, et en rédigeant contre le conseiller Goezman, son adversaire, des Mémoires aussi brillants que vigoureux.
En 1775, il fait jouer le Barbier de Séville qui, après un premier échec, connaît bientôt le triomphe avec une légère modification de la composition. Sa vie est toujours aussi aventureuse et dispersée. Il vend des armes en Amérique, fonde la Société des Auteurs Dramatiques, se bat contre la censure, et fait jouer en 1784 le Mariage de Figaro qui connaît un très grand succès. Pendant la révolution, il compose un drame moralisateur, part pour l'étranger, revient à Paris, reconstitue sa fortune et meurt en 1799.
Au cours de cette vie irrégulière et romanesque, Beaumarchais réussit à composer plusieurs pièces, en accord avec son Essai sur le genre dramatique sérieux, vertueuses et exemplaires; mais le Barbier de Séville et le Mariage de Figaro les surclassent toutes. Beaumarchais s'y laisse aller à une hardiesse dans la satire sociale et politique, qui nous rappelle celle de Diderot dans le domaine philosophique et religieux, et celle de Laclos, en ce qui concerne les mœurs mondaines et la vie de société. L'amertume de la satire y est voilée par le torrent de la verve et du rire qui est le mouvement même de la vie.
Acte I
Jour de noces au château d’Aguas Frescas, près de Séville, chez le comte Almaviva, « grand