Martin Luther King
Dans sa « Lettre de la prison de Birmingham » Martin Luther King répondit à ses détracteurs qu’ils l’accusaient d’être incohérent : comment pouvait-il reprocher aux États ségrégationnistes de ne pas respecter la loi fédérale qui interdit la ségrégation si lui ne respectait pas la loi de
Birmingham qui interdit de tenir une manifestation?
Cela nous amène à nous poser cette question : Doit-on respecter les lois en toute occasion?
D’entrée de jeu, nous devons définir les concepts clés de cette question afin d’en préciser le sens. Le concept de loi réfère à « ... (une) règle ou ensemble de règles obligatoires établies par l’autorité souveraine d’une société et sanctionnées par la force publique1. » En toute occasion signifie dans tous les cas, sans exception. Nous pouvons alors reformuler la question de la manière suivante : Doit-on respecter un règle ou ensemble de règles obligatoires établies par l’autorité souveraine d’une société et sanctionnées par la force publique dans tous les cas, sans exception? Cette question pose l’enjeu suivant : Si nous soutenons qu’on doit respecter les lois en toute occasion, alors cela revient à dire que nous ne devons pas nous conformer aux lois même si elles sont injustes, même si leur respect entraîne la mort de quelqu’un par exemple. Si nous soutenons au contraire qu’on ne doit pas respecter les lois en toute occasion alors c’est que nous considérons qu’il est de notre devoir moral d’enfreindre certaines lois si elles s’avèrent être injustes.
Je soutiendrai ici que nous ne devons pas respecter les lois en toute occasion. Pour ce faire, je présenterai l’argument de la distinction entre loi juste et loi injuste et apporterai une objection sur le caractère subjectif de cette distinction.
Pour bien comprendre dans quelles conditions nous pouvons – et même nous devons – faire fi des lois, il faut distinguer ce qu’est une loi juste d’une loi injuste : « une loi juste est une