Matisse et l'art abstrait
L’abstrait : 1914-1917
1- L’abstraction
Au début du XX° siècle s’opère un tournant radical et déterminant pour le monde de la peinture : la naissance de l’art abstrait. C’est un point de départ, une nouvelle représentation de la réalité et de l’imagerie dans l’art.
Celui-ci n’essaie pas de représenter les apparences visibles du monde extérieur mais tente de donner une contradiction du réel ou d’en souligner les « déchirures ». Et même si les formes non figuratives existent depuis la nuit des temps comme les grecques sur les terres cuites de l’Antiquité, les arabesques des ferronneries baroques ou les volutes de l’Art Nouveau, celles-ci servaient pour des finalités extérieures comme par exemple l’embellissement d’un objet ou d’un lieu.
Les maîtres de l’abstraction proposent une « image abstraite » de la réalité. La nouveauté s’explique ainsi par cet oxymore. En effet, traditionnellement une image est une réplique de la réalité. Les peintures abstraites sont des images qui ne renvoient qu’à elles-mêmes, elles sont autonomes. Dans ce sens, nous pouvons les comparer aux icônes orthodoxes qui manifestent la présence d’un contenu plutôt qu’elles ne le représentent, mais à la différence que les peintures abstraites rompent avec le monde des appartenances. Elles révèlent des réalités jusqu’alors inconnues et invisibles, que chaque artiste suivant ses convictions et sa culture choisit de son point de vue. C’est le cas de Frantisek Kupka, Vassily Kandinsky, Kasimir Malevitch et Piet Mondrian, artistes pionniers de ce mouvement, qui ont créé chacun leur propre formulation de l’abstraction.
Ils ont pourtant franchis le seuil de l’abstraction au même moment environ, c’est-à-dire entre 1911 et 1917. Ceci peut s’expliquer par des préoccupations communes. Ils étaient tous très attachés à la musique et avaient une pratique spirituelle ou ésotérique. De plus, à cette époque le contexte scientifique fait que la réalité devient problématique avec l’apparition de