Maupassant le gueux
Comme dans les nouvelles « Aux champs » et « L’Aveugle », Maupassant présente la misère et la souffrance d’un individu et la noirceur de l’âme humaine.
Cet extrait, qu’on analysera dans la suite, est le début de la nouvelle « Le Gueux », parue pour la première fois dans le quotidien Le Gaulois en 1884. En 1885, la nouvelle fut intégrée dans le recueil « Contes du Jour et de la Nuit ». Le Gueux est un défavorisé, un exclu, qui vit en marge de la société. C’est un individu, à qui la vie n’a laissé aucune chance. La première partie étudiera la composition de la nouvelle. Ce passage contient une dramatisation. Le Gueux vit dans un cadre étriqué duquel il ne peut jamais échapper. En outre, la mort du Gueux est déjà annoncée. La deuxième partie s’efforcera de révéler le portrait du Gueux. Son état de santé, son physique et ses capacités intellectuelles prouvent qu’il s’agit d’un marginal par excellence, qui n’avait jamais eu une chance réelle dans la vie. La dernière partie s’attachera à montrer que la société est en partie responsable de la mort du Gueux. Toutes les classes sociales sont présentes dans cette nouvelle. Toutes les classes deviennent coupables à cause de leurs actes ou leurs inactions : l’Etat (les policiers), l’aristocratie (la baronne d’Avary), l’église (le curé de Billettes), la petite bourgeoisie (le boulanger du village) et les paysans et les paysannes.
L’histoire commence in medias res. Par la phrase : « Il avait connu des jours meilleurs, malgré sa misère et son infirmité ; une phrase courte, concise, presque lapidaire, le lecteur est plongé en pleine crise. Ici, il s’agit d’une ironie amère du narrateur. Au début de la nouvelle, le lecteur apprend par trois rétrospections, qui ne sont pas chronologiques, le passé du Gueux. Maupassant commence par l’accident fatal qui a provoqué son infirmité. Ensuite, le lecteur apprend que le Gueux est un enfant trouvé, qui fut