Les Médias espagnols miroir d’une nouvelle société ?

I. Retournement démocratique : une société en mouvement
A. Un tournant politique.

Tout d’abord, durant une période relativement longue, en l’occurrence depuis le XIXème siècle, l’Espagne est demeurée isolée du reste de l’Europe occidentale notamment par son régime démographique et politique. Cependant les dernières années du régime franquiste et les premières de la démocratie constituent une phase d’efflorescence culturelle. L’ambiance du pays est marquée par une peur dans certaines classes comme la bourgeoisie ou autres milieux où se mélange l’exaspération à l’égard de la dictature de Franco (1939-1975) et un espoir en un avenir de libertés stimulant la créativité. Pour la première fois depuis la guerre civile, la culture et la politique se retrouvent, et cela est du à la politique autoritaire et totalitaire de Franco. Ce dernier a pour volonté de dominer la production culturelle espagnole en cherchant à démontrer une légitimité de la législation franquiste en matière de presse. Les médias subissent une intervention de l’Etat et une privatisation de l’audiovisuel. Néanmoins un optimisme naissant dans la société espagnole apparait et se voit atténuer par les organismes de Franco, en 1971 le FOESSA (fondation privée consacrée à la situation sociale de l’Espagne) qualifie le développement de la décennie 60-70 comme une tendance à un « développement intermittent et peu soutenu ».

La société espagnole voit l’émergence d’une culture critique en transformant son mode de vie et en aspirant à la promotion sociale. Un refus croissant de « l’arbitraire de l’Etat » voit le jour notamment aux débuts des années 1970 avec l’interdiction définitive du quotidien Madrid dirigé par un ancien de l’Opus Dei, Rafael Calvo Serer. En 1974, Franco pour des raisons de santé cède ses fonctions de chef de l’Etat au prince Juan Carlos avant de décéder en novembre 1975.Juan Carlos 1er, alors âgé de 34 ans, aspire à sortir