Medias
1. Médias et opinion publique à la fin du XIXe siècle : la presse dans l’affaire Dreyfus
• Lorsque Le Figaro révèle l’affaire en 1894, la presse est en plein essor en France. L’enracinement de la République dans la dernière partie du siècle s’est accompagné de la conquête des libertés individuelles - d’expression, de publication et de la presse, avec les lois de 1881 et 1889. Les innovations techniques et les progrès de l’alphabétisation, dans le même temps, font de la presse un média de masse. Le prix des journaux a considérablement baissé, le journalisme s’est professionnalisé et le nombre de publication a augmenté : 322 journaux se vendent quotidiennement à 2 millions d’exemplaires au tournant du siècle. La photographie, les illustrations et les caricatures rendent les journaux plus attrayants, et de nombreux hommes politiques, comprenant l’importance de ce média, se font journalistes à l’occasion. Les plus fortes ventes sont réalisées par des quotidiens populaires mais difficiles à classer politiquement, comme Le Petit Journal. Mais des journaux d’opinion émergent également, comme le quotidien radical L’Aurore, Le Figaro, de centre-droit, L’Action française, d’extrême-droite, etc. • Pendant plus d’un an et demi, le procès pour espionnage du capitaine Dreyfus, accusé de trahison au profit de l’Allemagne et condamné à la prison à perpétuité, est traité comme un feuilleton judiciaire par la presse, polarisant l’opinion publique en deux camps bien tranchés. Massivement, les journaux sont antidreyfusards : ils invoquent la raison d’État et la défense de l’armée française. Moins nombreuses, les publications favorables à la révision du procès