Symbole du monde celte, attaché à la matière de Bretagne, la figure de Merlin est devenue, peu à peu, synonyme d’enchanteur, de magicien. Sans doute est-ce l’image la plus ancrée dans la mémoire populaire ; bien que ses origines médiévales fassent de l’Enchanteur une créature complexe, parfois obscure, mais néanmoins merveilleuse. L’image de Merlin s’est bâtie au fil du temps et il aura fallu, en fin de compte, plusieurs siècles pour façonner un personnage aux multiples facettes. Au gré des évolutions et des aspirations de la société, la littérature a matérialisé le mythe merlinien, qui, par définition, se veut être « le récit d’une créature surnaturelle »et qui porte, par essence, un symbole, un message ; suscitant dès lors une fascination dont témoigne encore notre siècle. De la littérature au cinéma, son existence, ses exploits sans cesse repris, ont ravi nombre de générations, ce qu’illustre la pensée de Michel Tournier : « Les mythes - comme tout ce qui vit - ont besoin d’être irrigués sous peine de mort ». Ainsi au travers des origines de cet être de légende, nous verrons comment l’assemblage, de plusieurs traditions et plusieurs récits, a participé à la création et la construction du mythe. De ce fait, il conviendra alors de dégager et d’approfondir les caractéristiques qui rendent Merlin, si captivant, et par conséquent, éternellement ensorcelant. Se questionner sur la survivance du mythe merlinien permet de mettre en évidence le rapport qu’il entretient avec la religion, relation que Robert de Boron a élaborée dans son Merlin ; d’autre part nous verrons quels rôles jouaient ces récits fabuleux au Moyen-Age, et quel pouvait être l’enjeu d’un point de vue politique et historique. Pour finir, nous rendrons compte de l’engouement des Romantiques pour la période médiévale, qu’ils « ressuscitent », et de l’intérêt qui perdure depuis, pour le monde celte et ses légendes. La question de l’existence de Merlin reste entière car il n’existe pas de