Methodologie en anthropologie sociale
I- PROBLEMATIQUE
Si aux Etats-Unis, l’institutionnalisation de l’anthropologie en tant que construction d’un savoir scientifique et académique s’est opérée très tôt avec l’attribution à Franz BOAS, dès 1899, de la première chaire d’anthropologie physique et d’anthropologie sociale, à l’inverse, une telle reconnaissance, a accusé, énormément de retard en Europe. Et c’est ainsi qu’en France par exemple, cette nouvelle science de l’homme et de la société a été longtemps occultée par la sociologie. Ce n’est qu’en 1925, avec la mise en place, par Marcel MAUSS, de l’Institut d’Ethnologie qu’elle a pu y affirmer son autonomie par rapport à cette sociologie et d’accéder par la même occasion au rang de science. Cette « mise en chantier » de l’anthropologie en tant que science ne sera officiellement avalisée par les autorités académiques françaises que dix huit années plus tard par la création, à l’université de la Sorbonne, en 1943, de la première chaire d’ethnologie dont la charge a été confiée à Marcel GRIAULE. L’on s’attend alors à ce qu’un démarrage aussi difficile et aussi étalé dans le temps et dans l’espace, ait pu profondément affecter l’unité du « chantier anthropologique », notamment dans ses orientations stratégiques et dans ses cohérences méthodologiques. Au contraire, non contente d’affirmer l’originalité de son projet et d’affiner l’unicité de sa méthode, l’anthropologie a, au fil des générations d’anthropologues, fait également preuve de réelle fécondité par les différents courants de pensée (évolutionnisme, structuralisme, fonctionnalisme, culturalisme, relativisme culturel,…) qu’elle a pu impulsés et qui se réclament tous d’elle. De ce point de vue, on peut dire qu’il s’est constitué à l’intérieur de ce nouveau champ épistémologique une véritable « cité scientifique », pour reprendre ici l’expression de Gaston BACHELARD, où enseignants