Dans son introduction, l’auteur propose de remettre à plat la notion de mondialisation, notion utilisée aujourd’hui, soit dans une version apologétique, soit dans une version militante et radicale. Selon l’auteur, il s’agit d’une fausse piste, car la mondialisation a toujours dépassé son espace d’origine et elle renvoie à un phénomène complexe et multidimensionnel. Cette multidimensionnalité se traduit par les échanges de biens et de services, la mobilité de la production et des biens et services (notamment les IDE), la circulation des capitaux financiers. En prenant en compte ces trois dimensions, C.-A. Michalet présente, dans les trois chapitres suivants, les différentes configurations du capitalisme où prédomine une des dimensions, typologie déjà évoquée dans un de ses ouvrages (Le Capitalisme mondial). La configuration « inter-nationale » se traduit par une prédominance des échanges de biens et de services, les fondements théoriques sont l’analyse des bienfaits du libre-échange avec des variantes allant de Smith, Ricardo à H.O.S. À ce sujet, l’auteur souligne que ce paradigme est introuvable au niveau de la DIT. Le marchand est la cheville ouvrière, et les instances de régulation sont de type intergouvernemental et passent par les accords de Bretton Woods et le Gatt.
La configuration « multi-nationale » correspond à la période allant de la moitié des années 1960 jusqu’à la moitié des années 1980, période de prééminence des investissements directs à l’étranger (IDE) ; le lecteur retrouvera l’analyse de Michalet sur les stratégies des multinationales. L’impératif de compétitivité a remplacé celui de productivité, la théorie des jeux se substitue aux courbes d’offre et de demande pour déterminer les prix. La spécialisation ne repose plus sur les États-nations mais sur des territoires. La gouvernance inter-étatique est sur le fil du rasoir avec l’arrivée de nouveaux acteurs puissants que sont les firmes. Cette phase constitue les prémisses de la globalisation