Miron Revue3_banq2011_BR pages_20 33
11-04-18 15:53
K a rin e Vil l en eu v e
« Toute ma vie, je vais essayer de sortir de ce noir-là, de faire la lumière, de faire la relation entre le noir et la lumière. »
Considéré par plusieurs comme l’une des grandes voix de la littérature francophone, Gaston Miron jouit d’une renommée internationale qui l’a rapidement élevé au rang de mythe 1. Le poète québécois doit son exceptionnelle canonisation littéraire à l’important discours critique qui s’est constitué autour de
L’homme rapaillé, son œuvre principale. Les poèmes de ce recueil ont éveillé l’intérêt de nombreux critiques, mais ils sont encore peu étudiés sous l’angle de leur genèse puisque l’accès aux archives est relativement récent. Or, l’étude des manuscrits du poète se présente comme l’une des voies d’accès au renouvellement du regard porté sur l’œuvre mironienne en offrant un terrain fertile à la découverte de perspectives de recherche inédites.
Inspiré de la critique génétique 2, notre travail sur la genèse de « La batèche » lève partiellement le voile sur les origines d’une des plus importantes suites poétiques de L’homme rapaillé (ill. 1) . L’étude des avant-textes 3 nous a permis de constater que les transformations visibles dans la genèse du cycle de « La batèche » ont grandement été influencées par le premier séjour de Miron en France, entre le 18 septembre 1959 et le 13 février 1961, moment décisif au cours duquel il prend la pleine mesure de ses racines et de la condition canadienne-française (voir à la page suivante, ill. 2) . Ce cycle poétique est cependant resté inachevé. En effet, selon
Revue de Bibliothèque et Archives nationales du Québec N° 3
Genèse du cycle de « La batèche » de Gaston Miron : de la noirceur aux rives de l’aube nouvelle
littérature
Section possible d’un projet de recueil intitulé La batèche. BAnQ,
Centre d’archives de Montréal, fonds Gaston Miron (MSS410/001/013).
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1. Définition du mot « batèche ».
BAnQ, Centre