Mme du Châtelet, Discours sur le bonheur : « La sagesse doit toujours avoir les jetons à la main… cet appui » (édition Magnard, p. 352) Question : en quoi l’argumentation de Mme du Châtelet est-elle celle d’une femme des Lumières ? INTRODUCTION Parmi les sujets fréquemment traités par les penseurs de l’époque des Lumières, la quête du bonheur est un thème essentiel. Mme du Châtelet l’aborde de façon originale en le liant au statut de la femme dans un Discours sur le bonheur, analyse personnelle qui n’était pas destinée originellement à la publication, mais qui témoigne d’une volonté de réfléchir à la place des femmes dans la société et aux moyens d’y trouver leur épanouissement. Pour répondre à la question : « en quoi l’argumentation de Mme du Châtelet est-elle celle d’une femme des Lumières ? », je vais examiner comment l’extrait se présente comme une réflexion philosophique, tout en revêtant un aspect polémique qui permet de dénoncer le statut de la femme au 18e siècle Un texte de réflexion philosophique • engagement personnel de l’auteur dans son discours : présence du « je » ; affirmation d’une pensée personnelle (« je ne parle pas de…, je crois, j’ai dit que… ») • et volonté d’élargir son propos : généralisation aux êtres humains (« on » et « nous » dans le 1er §), puis aux femmes dans le 2e § • présence de plusieurs maximes à valeur générale (l. 2-4 « il faut… notre âme » ; l. 14-15 « l’amour de l’étude… notre bonheur ») • réflexion sur la sagesse et le bonheur → débat sur le rôle des passions dans la quête du bonheur : Mme du Châtelet écarte les mauvaise passions (l. 4-5), discute des avantages/inconvénients de l’ambition (l. 5-10 : elle procure un certain plaisir de « jouissance » + le désir permanent est envisagé comme « un bien », mais elle place l’individu dans la « dépendance » d’autrui) ; elle dégage un loi essentielle : le bonheur est assuré par l’indépendance (l. 10-11) ; elle en tire une conséquence : la passion la plus profitable est l’amour de