Moch, La première décennie du marché commun
(des extraits ont été publiés dans recherche socialiste, hors série de l’OURS, n° 38-mas 2007.)
I. NAISSANCE DE L'EUROPE
L'appel de Zurich
Le 19 septembre 1946, retentit à Zurich un appel historique . « Européens, il faut faire les États-Unis d'Europe [ ... ] Le premier pas pratique sera un Conseil de l’Europe. Si, tout d'abord, tous les États de l'Europe n'acceptent pas, ou ne sont pas à même, d'en faire partie, nous devons néanmoins continuer à rassembler ceux qui y consentent. Je vous dis donc : Debout, l'Europe ! »
L'homme qui lançait aux traditions nationales ce défi explosif s'était couvert de gloire dans des directions bien différentes. Il avait nom Winston Churchill. L'adversaire intransigeant de l'Allemagne hitlérienne souhaitait, moins de deux ans après la victoire, la réconciliation, au sein de l'Europe, de l'Allemagne et de ses adversaires ; le conservateur britannique le plus classique, dernier survivant de l'époque victorienne, formait des vœux pour une révolution politique internationale !
Aux Résistants de la veille, partisans de l'unité européenne, il apportait l'appui de son immense prestige. Mais l'Europe avait eu, dès avant le discours de Zurich, des promoteurs convaincus et acharnés : les socialistes, internationalistes par essence, des fédéralistes, des hommes des gauches européennes libérales, des catholiques sociaux considéraient déjà la construction de l'Europe comme la clef de voûte de la paix.
Quelques mois plus tard, un autre grand citoyen du monde, le général George Marshall, offre à l'Europe une aide économique sans précédent, immense et gratuite, destinée à accélérer sa reconstruction et à éviter de ce fait sa dégradation économique et sociale, peut-être même sa dislocation politique à la suite de menées subversives alors fréquentes. Seize États acceptent cette offre le 15 juillet 1947 et fondent, le 18 avril