Moderato cantabile
(1958)
Roman de 105 pages
«Modéré et chantant», c'est, dans une atmosphère oppressante, l'injonction que Mlle Giraud, une professeuse de piano, donne à son jeune élève, qui a une dizaine d’années, est doué mais turbulent, talentueux mais buté et peu motivé, au cours de ses leçons du vendredi, où il apprend à contre-coeur une sonatine de Diabelli. Il est le fils d'Anne Desbaresdes, jeune femme blonde, désœuvrée du «directeur d’Import Export et des Fonderies de la Côte», qui, dans une petite ville française du bord de la mer, non identifiée, mène une vie si monotone qu’elle est lasse de l’existence. Elle se promène tous les jours avec l'enfant qu'elle adore, dont elle est fière et admirative, pour lequel elle est très indulgente, se laissant déborder par sa violence, lui répondant sans jamais vraiment l’écouter, lui faisant donner des leçons de piano plus pour qu’ils aient tous les deux un but que par véritable amour pour la musique. Mère et fils se moquent des remarques incessantes de la professeuse et ne semblent vivre que selon leur bon plaisir. Rien ne semble devoir briser la monotonie de cette vie qui est cependant rompue, un jour, pendant une leçon, par un cri déchirant sortant du café situé au-dessous : une jeune femme y a été tuée à bout portant par son amant. Anne se mêle à la foule des badauds, voit un homme tenir dans ses bras le cadavre étendu sur le sol en l’appelant calmement «mon amour, mon amour», et assiste à son départ dans la voiture de la police. Cet événement marque profondément la jeune femme qui, laissant son fils jouer librement sur le port, avec d'autres enfants, voulant tout savoir sur cette femme morte, prend désormais l'habitude de revenir dans ce café, d’y prendre du vin, comme si le lieu du crime pouvait parler, expliquer, justifier l’injustifiable. Il y a là un habitué, un jeune homme aux yeux bleus qui aurait été témoin du drame. La conversation s’engage. Tout naturellement, ils parlent du crime, du cri