Modiano et l'autobiographie
L’écriture autobiographique peut paraître, à première vue, simple. Il suffit de parler de soi. Mais lorsque l’ouvrage est destiné à un lectorat peut-on se contenter de coucher sur papier ses souvenirs ? La rédaction d’un livre ne demande-t-elle pas une réflexion antérieure afin d’obtenir une mise en forme qui suscite un intérêt ?
Patrick Modiano s’est exprimé sur le sujet en ces mots : « L’entreprise autobiographique m’a toujours paru une sorte de leurre, sauf si elle a une dimension poétique comme Nabokov[1] l’a fait dans « Autres rivages ». Le ton autobiographique a quelques chose d’artificiel car il implique toujours une mise en scène. Pour moi, c’est plutôt une entreprise artistique, une mise en forme d’éléments dérisoires. » Il explique que, de son point de vue, l’autobiographie, c’est-à-dire écrire sur sa vie, a un côté « fabriqué », car on met en scène sa propre existence. Il propose que le processus d’écriture autobiographique soit une « entreprise artistique » qui donnerait une forme plus « esthétique » (poétique) à l’ouvrage. Il n’est pas question d’agencer les moments importants de sa vie, mais de les utiliser comme de simples éléments pour créer « quelque chose » de nouveau, d’original.
L’ouvrage d’un auteur comme Modiano ne recherche pas le facile étalage des faits (en opposition aux autobiographies que l’on trouve actuellement dans les grandes surfaces car, dixit M. Brand, « il n’y a pas de mise en scène, mais une sorte de narcissisme pornographique »). Il a tout d’abord réfléchi à comment exploiter ses souvenirs pour créer une œuvre qui aurait un intérêt pour la littérature, lui-même et son futur lectorat. Il n’a pas choisi l’autobiographie afin d’être plus libre dans son écriture et d’atteindre la « vraie » création artistique.
Le fait, qu’au début de ses récits, il n’énonce pas clairement qu’il parle de lui - comme dans Remise de peine - mais qu’on le découvre au fil de la lecture, et, qu’il reste toujours un