Mohamed nedali, la maison de cicine
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- Sais-tu, reprit Cheikh après un silence, quel sort le Très-Haut réserve aux non pratiquants des cinq prières ? La géhenne pour l’éternité ! La géhenne pour l’éternité ! Sais-tu au moins quel sort le Très-haut réserve à toute femme qui s’en va la tête nue sous la voûte azurée ? La géhenne pour l’éternité ! La géhenne pour l’éternité !... Essaie un moment de te représenter un peu le calvaire ! Imagine ton corps, ton si beau corps, prendre feu de toutes parts, s’embraser de la tête aux pieds ! Imagine ta chair, ta chair si jeune, si tendre et si fraîche, se transformer sous tes yeux en cendres ! Imagine la douleur, l’insoutenable douleur… ! Dans ce monde, un être humain brûlé de même est sitôt délivré par la mort ; dans l’autre, la mort n’aura pas droit de cité, les âmes étant condamnées à ne jamais se séparer des corps qu’elles habitent ! Leïla frissonna toute entière, sa peau se hérissa ; elle ferma les paupières dans une réaction convulsive. La seconde d’après, elle vit son corps prendre feu comme une botte de foin arrosée de carburant. Un puissant cri d’horreur lui monta à la gorge, elle l’étouffa de ses deux mains, in extremis. Une lumière scintilla dans les yeux de Cheikh.
- Avoue, Leïla, reprit-il, plein d’assurance, que rien qu’en imagination, ce châtiment-là est insoutenable ! Leïla fit oui de la tête, chagrinée et contrite.
- Heureusement…, ajouta Cheikh après un silence. Heureusement, pour nous les descendants du grand messager, prière et salut sur lui, le Très-haut est indulgent ! Pour nous, Son pardon est vaste, grande Sa clémence, infinie Sa mansuétude !
- Que dois-je faire pour les mériter, seigneur ? implora Leïla avec des larmes dans la voix. Cheikh se tut un moment, l’œil songeur, les doigts fourrageant dans sa barbe, comme s’il consultait le Très-haut sur la réponse à apporter. Leïla garda les yeux suspendus à ses lèvres, l’air d’un coupable face à son juge à l’heure du verdict.
Ce que tu dois faire ? répéta Cheikh. Deux