Moliere malade imaginaire
COMÉDIE
mêlée de musique et de danses
Par Monsieur de Molière
Corrigée, sur l'original de l'auteur, de toutes les fausses additions et suppositions de scènes entières, faites dans les éditions précédentes.
Représentée pour la première fois à Paris, sur le Théâtre de la salle du Palais-Royal le 10e février 1673 par la Troupe du Roi.
NOTICE
Le Malade imaginaire, comédie-ballet en trois actes et en prose, représentée pour la première fois le 10 février 1673, au Palais-Royal, avec une musique de Marc-Antoine Charpentier, le rival de Lully, a sans doute été créé pour la cour, comme le laisse penser son prologue. Mais le roi ne le verra que l'année suivante, à Versailles, après la mort de son créateur.
Cette comédie plénière, souvent considérée comme l'une des pièces les plus riches et des plus profondes de Molière, constitue sans aucun doute une somme de son théâtre, et cela en raison de sa thématique (réflexion sur la mort, dénonciation de l'imposture et satire de la médecine), de la présence d’un héros paradoxal (un malade sain) faisant le malheur des siens et obstiné comme ses prédecesseurs dans son obsession, de la virulente satire de certains groupes sociaux, de la présence du courant toujours vivant de la farce, et de cette fantasmagorie propre aux comédies-ballets, qui, entraîne personnages et public dans l'ivresse du chant et de la danse.
L’idée centrale appartient en propre à Molière, lui qui médite depuis toujours sur l’imposture médicale. On sait aujourd’hui, grâce aux magistrales études de Patrick Dandrey*, qu’il dispose d'une solide culture médicale, grâce à ses propres lectures, ainsi peut-être qu’à ses relations avec des amis comme Jean Armand de Mauvillain et François Bernier; de sorte que son approche comique de la médecine est fondée sur une information non seulement riche mais maîtrisée. En outre, toujours selon Patrick Dandrey*, Molière a, dans Le Malade imaginaire, une intuition étonnante pour son temps,