Muapassant
|SCÈNE IV - D. JUAN, SGANARELLE, CHARLOTE, MATHURINE. |
CHARLOTTE. Est-ce, monsieur, que vous lui avez promis de l’épouser.
DON JUAN, bas à Charlotte. Vous vous raillez de moi.
MATHURINE. Est-il vrai, monsieur, que vous lui avez donné parole d’être son mari ?
DON JUAN, bas à Mathurine. Pouvez-vous avoir cette pensée ?
CHARLOTTE. Vous voyez qu’al le soutient.
DON JUAN, bas à Charlotte. Laissez-la faire.
MATHURINE. Vous êtes témoin comme al l’assure.
DON JUAN, bas à Mathurine. Laissez-la dire.
CHARLOTTE. Non, non il faut savoir la vérité.
MATHURINE. Il est question de juger ça.
CHARLOTTE. Oui, Mathurine, je veux que monsieur vous montre votre bec jaune.
MATHURINE. Oui, Charlotte, je veux que monsieur vous rende un peu camuse.
CHARLOTTE. Monsieur, vuidez la querelle, s’il vous plaît.
MATHURINE. Mettez-nous d’accord, monsieur.
CHARLOTTE, à Mathurine. Vous allez voir.
MATHURINE, à Charlotte. Vous allez voir vous-même.
CHARLOTTE, à Don Juan. Dites.
MATHURINE, à Don Juan. Parlez.
DON JUAN, embarrassé, leur dit à toutes deux. Que voulez-vous que je dise ? Vous soutenez également toutes deux que je vous ai promis de vous prendre pour femmes. Est-ce que chacune de vous ne sait pas ce qui en est, sans qu’il soit nécessaire que je m’explique davantage ? Pourquoi m’obliger là-dessus à des redites ? Celle à qui j’ai promis effectivement n’a-t-elle pas en elle-même de quoi se moquer des discours de l’autre, et doit-elle se mettre en peine, pourvu que j’accomplisse ma promesse ? Tous les discours n’avancent point les choses ; il faut faire et non pas dire, et les effets décident mieux que les paroles. Aussi n’est-ce rien que par là que je vous veux mettre d’accord, et l’on verra, quand je me marierai, laquelle des deux a mon cœur. (Bas à Mathurine.) Laissez-lui croire ce qu’elle voudra. (Bas, à Charlotte.) Laissez-la se flatter dans son imagination. (Bas à