Méditations Métaphysiques
Itinéraire qui suit l’ordre des raisons. Il y a donc une progression méthodique. Elle se situe dans la tradition sceptique. Descartes s’en distingue. Le doute cartésien témoigne d’une inquiétude profonde qu’il faudrait surmonter pour marcher avec assurance. Il s’agit donc de poser sa volonté de congédier ses pensées, ne plus être simplement le spectateur de ce qui se joue sur la scène du monde mais d’agir, de questionner le donné. Il ne s’agit pas comme Montaigne de douter seulement de l’incertain, le doute cartésien va plus loin en doutant du vraisemblable. «Je m’attaquerais d’abord au principe à savoir la sensibilité car il n’y a rien dans l’entendement qui n’est été d’abord dans les sens. C’est donc contre les sens qu’il faut porter sa première attaque». L’illusion sensible en tant qu’elle porte sur l’objet est surtout pour Descartes un effet de perspective mais cette illusion peut aussi bien porter sur le sujet lui-même, sur le sujet ressentant son propre corps. C’est ainsi que les fous imaginent que leur corps est fait d’argile ou bien de verre, idée qu’il reprend dans la recherche de la vérité ou il évoque ses mélancoliques qui pensent être des cruches ou bien avoir quelques parties du corps d’une grandeur énorme. Il serait plus irrationnel encore de s’assimiler à des insensés. Pareille raison de douter se retournerais contre le doute lui-même que l’on pourrait alors qualifier d’extravagant. L’argument étant faible, il en convoque un autre : celui du rêve. Descartes avec cet argument de la folie décrit les symptômes connus à l’époque de cette folie que l’on nommait mélancolie. Le mélancolique n’est pas nécessairement celui qui a perdu l’esprit mais celui qui ne sait pas reconnaitre son corps. C’est ainsi que celui qui se trompe sur l’objet sensible est abusé mais celui qui se trompe sur son corps même est fou, ce qui laisse entendre que mon corps n’a pas le même statut qu’un objet quelconque qui s’offre dans le champ de la