Médée d' euripide
Dans sa réponse pathétique (1323-1350), Jason clame sa détresse en mettant l'accent sur l'incompatibilité, qu'il n'avait pas perçue, entre le monde grec et la cruauté du monde barbare que reflète Médée, qu'il traite de lionne et compare à la monstrueuse Scylla la Tyrrhénienne (1342). Médée, que Jason présente comme exécrée des dieux, en dépit de la visible protection que lui accorde Hèlios, revendique à nouveau la justice de Zeus pour faire de sa vengeance comme un juste retour des choses (1351-1360; cf. 764). Au cours d'un échange dense et très vif, renforcé par une stichomythie serrée (1361-1377), les deux ex-époux vont mutuellement se rendre responsables du marasme qu'ils vivent, où l'un se pose en victime de l'autre. On retiendra surtout deux répliques de Médée qui justifie son infanticide par le mal qu'il fait à Jason (1362; 1370)
Dans une réplique plus longue (1378-1388), où le réalisme n'est pas le principal souci de l'auteur et qui sert en quelque sorte de postface, Médée justifie son refus de permettre à Jason d'enterrer lui-même ses fils. Ainsi s'expliquent des cérémonies expiatoires liées à la mort des enfants de Médée et qui furent célébrée à Corinthe jusqu'à l'époque romaine. En effet, selon une autre version, les enfants de Médée, abandonnés par leur mère en fuite sur l'autel d'Héra Akraia, auraient été mis à mort par la famille de Créon.