médéé d'euripide
(Précepteur, Médée, [enfants])
PRÉCEPTEUR Maîtresse! Ils te sont libérés de l'exil ces enfants! Et les cadeaux! La jeune princesse toute contente les a acceptés de ses mains! La paix est faite là-bas avec tes petits!
Hein! pourquoi es-tu là toute bouleversée maintenant que tu as la chance pour toi?
MÉDÉE
Aîai!
PRÉCEPTEUR
Ta réaction ne s'accorde pas avec les nouvelles!
MÉDÉE
Aîai!
Oui, je me lamente encore!
PRÉCEPTEUR
Est-ce que j'annonce un malheur? Je n'en sais rien! Me suis-je trompé en croyant à une rumeur porteuse de bonnes nouvelles?
MÉDÉE
Tu n'as annoncé que ce que tu as annoncé. Je ne t'en fais pas le reproche.
LE PRÉCEPTEUR
Mais pourquoi alors fais-tu ces yeux tristes et pleures-tu à chaudes larmes?
MÉDÉE J'y suis bien forcée, vieillard, car tout cela ce sont les dieux et moi avec mes pensées perverses qui l'avons machiné.
PRÉCEPTEUR
Prends courage. Toi aussi, grâce à tes enfants, tu redescendras un jour dans cette terre...
MÉDÉE
C'est d'autres qu'auparavant j'y ferai descendre, malheureuse que je suis.
PRÉCEPTEUR
... Tu n'es certes pas la seule à être séparée de tes petits. C'est avec détachement qu'il faut endurer, quand on est mortel, les aléas.
MÉDÉE
C'est ce que je vais faire! Mais entre dans la maison et pourvois à tout ce dont mes enfants auront besoin aujourd'hui. Ô mes petits, mes petits, pour vous deux il y a donc bien une cité, une demeure, où après m'avoir quittée, moi l'infortunée que je suis, pour toujours vous habiterez orphelins de votre mère. Moi, vers une autre terre je partirai, oui vers l'exil, avant même d'avoir connu de vous des joies et d'entrevoir votre bonheur, avant même de pourvoir à votre mariage, et d'avoir paré votre couche nuptiale et brandi les torches de votre hymen.
Ô malheureuse que je suis de ma propre arrogance!
C'est bien en vain, que vous, mes petits, je vous ai élevés, en vain que je me donnais tout ce mal et que j'ai été déchirée de