La mélancolie est du point de vue de la psychanalyse une dépression douloureuse, le désintérêt pour tout ce qui a un rapport avec le monde extérieur, l'ennui pour toute activité qui peut même mener au suicide le sujet atteint. En effet, à travers la citation suivante “la mélancolie, c'est la tristesse de ne pouvoir faire de l'action la soeur du rêve”, nous verrons qu'effectivement la plupart des poètes du XIXème siècle ne se consacrent pas à l'action politique (celle-ci est oppressive et elle est nuisible à la création poétique), néanmoins ils sont attachés à un autre type d'action, celle de l'écriture. En effet, l'action appartient surtout à l'univers de l'histoire, mais elle n'est pas pour autant incompatible ou totalement étrangère au rêve. Par contre, la poésie (l'action d'écrire et de créer) et l'action politique ne peuvent coexister ensemble. Ainsi, nous verrons d'abord en quoi la mélancolie est tristesse et comment elle peut mener le poète à l'inaction, à la rêverie. Ensuite, nous analyserons pourquoi l'action peut être la soeur du rêve et enfin les raisons pour lesquelles la mélancolie est un sentiment indispensable chez le poète, en quoi elle le rend unique.
Comme nous l'avons déjà décrit en introduction, la mélancolie est un état de dépression, de tristesse, d'abattement physique et moral caractérisé par un ennui profond,
par une envie d'en finir avec la vie et un refus de se nourrir. Cet état est surtout caractéristique des poètes, des artistes qui sont obligatoirement mélancoliques, car ils sont incompris des hommes, éloignés de la cité et capables de voir des choses que le commun des hommes ne peut apercevoir. D'abord chez René, cette mélancolie spirituelle est la cause d'une série de pertes, celle de sa mère, de son père et de sa soeur. Dès sa plus jeune enfance, il se mettait déjà à l'écart pour se rapprocher de la nature: “un penchant mélancolique l'entraînait au fond des bois; il y passait seul des journées entières” ou encore “les