Mémoires d'outre tombe
(France)
(1821-1880)
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Né à Rouen, le 21 décembre 1821, il était le fils du médecin-chef de l’Hôtel-Dieu de cette ville. Il fut tôt formé à l’esprit d’observation clinique dont témoigne une partire de son œuvre, acquit «ce coup d’oeil médical de la vie» qu’il préconisa. Enfant d’une grande précocité, c’est à l’Histoire qu’il demanda ses premières évasions avec une prédilection pour le Moyen Âge et la Rome impériale. Son goût pour l'écriture se dessina très tôt puisqu'un résumé du règne de Louis XIII date de 1831 et que, dès l'époque du collège de Rouen, où, mauvais élève turbulent, il lança un journal intitulé «Art et Progrès», il se passionna pour la littérature, thèmes de pièces de théâtre et de romans se bousculant dans sa tête, alors qu'il était fasciné par les œuvres de Corneille et par «Don Quichotte». Il partagea donc l’exaltation romantique de sa génération et s’exclama : « Pauvre Rousseau qu’on a tant calomnié parce que ton cœur était plus élevé que celui des autres, il est de tes pages où je me suis senti fondre en délices et en amoureuses rêveries ! » Dès ce temps, il conçut une haine féroce à l'égard de tout ce qui était bourgeois. On peut discerner dans cette haine une attitude Iittéraire, une révolte de nature romantique contre l'ordre social de l’époque. Mais il y avait aussi chez lui une option fondamentale, car, pour lui, était bourgeois tout individu qui pense par idées reçues. Il avait créé avec ses amis un mythe grotesque, « le Garçon », destiné à scandaliser le bourgeois. Puis il avait songé à un vaste sottisier, un ‘’Dictionnaire des idées reçues’’, somme de toutes les phrases conventionnelles, des lieux communs et des stupidités qui dispensent de la pensée réelle. Il voulait le rédiger de telle sorte que « le lecteur ne pourrait jamais savoir si l'auteur s'est foutu de lui ».
Puis, dans ces années troubles mais fécondes, il se lança dans de véritables premiers écrits qui trahirent un individualisme exacerbé,