Métropolisation et transport aérien
Poète si tu pouvais D’un seul mot transformer La bombe à hydrogène En bulle de savon 5 Si tu pouvais poète D’un seul mot d’un seul pied Terrasser le dragon Changer les généraux En tigres de papier
10 Poète si d’un seul mot Tu pouvais mettre fin A la guerre de Troie Poète si tu pouvais Mais tu n’es
15 Bon à rien Brise ta plume d’oie Brûle tes alexandrins Il n’y a pas de salut Périssent les Troyens
20 Poète prends ton luth Et le jette aux orties Crie Crie Crie
25 Ou tais-toi Il n’y a pas de milieu Il n’y a pas d’autre voie Poète ouvre les yeux N’attends pas l’an deux mille
30 Lève-toi prends ton lit Et marche – marche ou crève (mais tu ne bouges pas tu n’entends pas tu rêves assis devant la table
35 a main sur le poème que tu viens d’achever)
Signes particuliers - Vahé GODEL
L'Albatros de Charles Baudelaire, extrait Les Fleurs de mal (1857-1859).
Souvent pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Les Chants de Maldoror (1869), Lautréamont.
Vieil océan, ta forme harmonieusement