Quatre questions pour faire un critiqueCinq questions que doit impérativement se poser un critique, sans lesquelles il n'y a pas de lecture et d'intelligence possible de l'oeuvre.1. Qu'est-ce qu'un dessin ? Le dessin est savoir Le dessin est écriture. Le dessin est attention.Ce que je sais dessine ce que je fais. (note : Gabriel Delmas, in De la Nécessité d'un Discours sur la Bande dessinée) Que l'on soit naïf ou bien expert, on dessine avec tout son savoir, la somme des connaissances et des expériences. La seule chose qui peut racheter la naïveté, c'est l'attention. Alors le slogan devient "ce que je vois dessine ce que je fais". Le bon critique est aussi graphologue. Les hachures peuvent être très libres, avec Alice Lorenzi. Celles de Konture sont plus raides. Celles de Sardon, c'est encore autre chose, qui tient du motif, voire de la tonalité. Charles Burns fait les siennes une par une, délicatement. Ce système de mise en volume, en lumière, en plans, en formes (selon les cas), c'est du dessin pour graphologue.Le dessin est attention. Le dessinateur dessine comme il voit, dehors et dedans. Il scrute des choses et il les écrit sur le papier. Des choses monstrueuses à son esprit, des choses qu'il n'avait jamais notées.Ce qu'il tente de dessiner, c'est d'abord "comment je suis au monde et m'en étonne" ou s'en émerveille ou s'en révolte. En ce sens, rien n'est "bien dessiné", et il n'y a pas de "dessin juste", sauf celui qui manifeste, qui rend sensible cet "être-au-monde" forcément particulier, vernaculaire. Tout le reste n'est que procédé de style.Dessiner, c'est trouver une écriture ou une synthèse graphique adéquates.à ce qui est dessiné : forme et être-au-monde du dessinateur. La lumière à travers les frondaisons, le miroitement de l'eau, les mouvements de l'herbe et le dessinateur au milieu, ou qui n'arrive pas à être au milieu.L'art rend des forces manifestes et sensibles, qui ne l'étaient pas. ( DESSIN : Projet idéal conçu par l'esprit et sensible dans