Narrateurs et auditeurs dans les diaboliques de barbey d'aurevilly
Cet exposé aura pour but d’étudier la structure narrative mise à l’œuvre dans les Diaboliques. Ce recueil de six récits courts offre en effet une construction narrative intéressante dans la mesure où elle est non seulement riche mais porteuse de sens, notamment parce qu’elle devient outil du dessein de l’auteur, ce que nous expliquerons plus tard.
Nous nous pencherons dans un premier temps sur la structure des nouvelles des Diaboliques d’un point de vue formel (récit enchâssant et enchâssé et structure de la nouvelle notamment, également la théâtralité de l’oeuvre); puis nous verrons en quoi cette structure est au service du récit ; puis sur la figure du narrateur et de celle de l’auditeur à proprement parler ; et enfin sur ce que nous appellerons l’insuffisance narrative, c'est-à-dire l’incapacité du récit à répondre aux questions qu’il engendre.
Structure
- Structure formelle
La forme brève de la nouvelle impose des contraintes, notamment une contrainte temporelle qui joue un rôle essentiel dans la composition du récit : elle oblige à une concentration de l’intrigue, à une restriction du nombre de personnages, à un rétrécissement de l’espace etc.
On trouve dans chacune des nouvelles des Diaboliques des intrigues très simples. L’intrigue du rideau cramoisi se résume en une phrase : Brassard séduit une fille de bourgeois qui meurt mystérieusement dans ses bras au cours d’une étreinte. De même pour le plus bel amour de Don Juan dont l’intrigue tient en un paragraphe que l’on trouve p134 : « Mère, c’était un soir…c’était un enfant ! ». Et il en est de même pour chaque nouvelle. Dans les diaboliques, l’importance de l’histoire elle-même se trouve diminuée par un cadre excessif qui semble envahir le récit. En cela, Barbey respecte peu les règles du genre de la nouvelle, qui impose une structure sobre et précise et une concentration absolue sur un thème ou un problème central.
Chez Barbey