Nationalisme et patriotisme 1870-1940
C'est ainsi qu'ont pu être comparés, distingués, opposés le patriotisme et le nationalisme : le premier serait la lumière et le second l'obscurité. Si l'on se positionne encore vers la moitié du XXe siècle par rapport au patriotisme et au nationalisme, cela vient de ce que ces deux concepts ont été la cause du déchaînement des passions les plus contradictoires, et ont animé une grande part de l'Histoire de la France de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Comment ces deux idées propres évoluent-elles parallèlement et quels sont leurs rapports dans la période de 1870 à 1914 ? De 1870 à 1889, la déception succédant à la défaite de Sedan entraîne l'émergence de forts mouvements patriotiques ainsi que l'apparition d'un nationalisme institutionnel : les deux termes - patriotisme et nationalisme - commencent à prendre chacun leur propre définition. Cependant, en 1889, émerge un courant nouveau : le nationalisme politique, qui nous met dans l'obligation de rédéfinir comparativement le patriotisme et le nationalisme. Enfin, à la veille de la guerre de 1914, alors que le nationalisme se divise de plus en plus en des doctrines disctinctes, en des partis, le patriotisme apparaît comme le facteur de dépassement des clivages partisans et favorise l'Union Sacrée. I. De Sedan à la crise boulangiste. - Défaite de Sedan : grosse déception. L'Empire qui incarnait la grandeur nationale s'effondre en une guerre. Si le gouvernement de Thiers signe la paix avec la Prusse en 1871, beaucoup de Français ont du mal à accepter la défaite et ne peuvent se résoudre à abandonner le combat. Ce désir de continuer la guerre est né à gauche : la gauche incarne à l'époque les valeurs révolutionnaires et patriotiques -n'appelait-on pas les Républicains les "patriotes" lors de la