Nature
Si l'ordre est la règle dans l'univers, il y a cependant une exception à cette règle. Rousseau écrit :
"Le tableau de la nature ne m'offrait qu'harmonie et proportions, celui du genre humain ne m'offre que confusion, désordre ! Le concert règne entre les éléments, et les hommes sont dans le chaos !"[1]
Notre monde n'est que désordre et confusion, les faibles et les démunis sont exploités sans limite. Les hommes recherchent le succès individuel et ils ignorent la vertu. Il faut expliquer cette différence. Pourquoi l'homme vit-il dans le désordre ? Le désordre est le résultat de la double nature de l'homme. La nature parle à notre âme et à notre corps.
Pour expliquer la nature humaine, Rousseau reprend sur le plan de l'individu, la dialectique de la matière et du mouvement. L'homme ne peut être que matière, car la matière ne peut pas se mouvoir d'elle-même. Il doit donc exister en l'homme un principe autre qui anime sa chair. Cette double nature de l'homme entraîne une tension vers deux centres d'intérêt divergents, le "beau moral"[2] et "l'empire des sens"[3].
Pour Rousseau, l'homme est un être multiple. Il y a en nous des notions de justice innées et les désirs corporels. Il ne peut y avoir la satisfaction des tendances du corps et de l'âme, car ces tendances sont contradictoires, Rousseau écrit :
"[…] si se préférer à tout est un penchant naturel à l'homme, et si pourtant le premier sentiment de la justice est inné dans le cœur humain, que celui qui fait de l'homme une substance simple lève ces contradictions, et je ne reconnais plus qu'une substance."[4]
Le corps nous entraîne dans la concupiscence et le plaisir des sens, alors que l'âme nous ouvre le chemin de la vertu morale. Nous sommes mus par des principes divergeants. Est-il possible que notre nature soit inconséquente ?
En réalité, cette opposition interne ne signifie pas que notre nature soit contradictoire. La vertu et le vice ne concerne pas l'homme