neurobiologie des conduites suicidaires
Neurobiologie des conduites suicidaires : voies de recherche actuelles
P. Courtet, S. Guillaume, F. Jollant, D. Castelnau, A. Malafosse
Les conduites suicidaires (CS) sont de déterminisme complexe et multifactoriel. Si de nombreux facteurs de risque ont été identifiés, des progrès importants sont actuellement réalisés dans la connaissance des facteurs biologiques permettant une meilleure appréhension de leur physiopathologie. Le modèle
« vulnérabilité-stress » initialement suggéré par les faits cliniques est étayé au niveau biologique. La vulnérabilité suicidaire est sous-tendue par un dysfonctionnement sérotoninergique central, notamment au niveau du cortex orbitofrontal, influencé par des facteurs génétiques, et générant déficits cognitifs et dysrégulation émotionnelle. En effet, les études de génétique épidémiologique (études familiales, de jumeaux et d’adoption) suggèrent l’existence d’une vulnérabilité génétique pour les CS, spécifique et indépendante de la vulnérabilité génétique aux affections psychiatriques associées aux CS. Les études génétiques d’association suggèrent que certains gènes codants pour des protéines impliquées dans le métabolisme de la sérotonine (tryptophane hydroxylase, transporteur de la sérotonine) sont impliqués.
Ces gènes confèrent une vulnérabilité aux CS en influençant la constitution de traits de personnalité tels que l’impulsivité, le déficit de contrôle de la colère, ou de traits cognitifs comme la prise de décision. Le développement de la neuropsychologie et de la neuro-imagerie permettront d’individualiser une neuroanatomie fonctionnelle des CS. Les facteurs de vulnérabilité interagissent avec les stress environnementaux et les antécédents de maltraitance infantile, qui impliquent eux l’axe hypothalamohypophyso-surrénalien et le métabolisme du cortisol. D’autres pistes neurobiologiques voient le jour, notamment grâce à l’utilisation de techniques d’analyse du transcriptome. La connaissance de