Notes sur le verrou
La composition du tableau s’épure par une diagonale nette départageant le mouvement exalté du couple en lumière, à droite, et le baldaquin imposant dans l’ombre, à gauche. La mollesse du baldaquin enroulé contrebalance la stridence des plis multiples de la robe et de la chemise, les deux moitiés s’opposent non seulement les torsions descendante et ascendante, mais les impulsions détendue et serrée. Les plis fines et sinueuses dans la robe, en flammèches dansantes, se concentrent vers le ventre de la femme où ils forment une cavité obscure, et se poursuivent les plis de la chemise de l’homme, parcourent son bras, jusqu’au verrou. Bien chargée d’allusions, ces plis reliés au verrou s’en font la métaphore du désir aiguisé et réciproque, exécutées par l’artiste d’une façon si savante et si discrète.
L’attitude de la femme demeure extrêmement ambigu, son expression paraît à la fois repoussée et minaudière, et son corps à la fois se refuse à lui et se donne voluptueusement. Elle est tantôt disponible, tantôt insaisissable. Sa tête renversée avec grâce et une jambe levée, elle fait un geste comme si elle était sur le point de voler comme une déesse suspendue en air, alors qu’il la tient avec une force lourde qui se dirige au sol. Cette dynamique et cette élégance de leurs gestes partagent certaine qualité chorégraphique et théâtrale, ainsi misent en relief la poésie et le mystère de l’attraction amoureuse. Une clarté douce et subtile, presque crépusculaire, baignant le