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3e
ENTRAÎNEMENT AU BREVET
Un extrait de L’Enfant au réverbère, d’Andrée Chedid
Tony, un adolescent d’origine égyptienne issu d’un milieu aisé, visite le
Caire avec sa mère. La mère essaie tant bien que mal d’intéresser son fils blasé à l’histoire de son pays. Après avoir visité un temple avec un groupe de touristes, Tony lui demande la permission de rentrer seul au
Palace Hôtel.
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Tony n’avait aucune idée de ce qui allait suivre. Il ôta son chapeau de paille, le glissa sous son bras, écrasant la calotte, vida le sable de ses chaussures. Puis, quittant le sol mou pour un sentier d’asphalte, il se remit en marche. Enfin lui-même ; dégagé, libre, heureux !
De loin, il aperçut la grande route qui mène au Caire, mais avança dans la direction opposée, vers le point qui enjambe le canal et conduit au village de Louxor. […]
Parvenu à son but, et soudain désireux de s’approcher d’une autre manière de quelques figures colossales, de quelques sphinx à tête humaine, que les touristes avaient comme supprimés, gommés sous leurs gesticulations et leurs paroles, Tony s’éloigna de la petite agglomération. Il bifurqua vers le temple dressé non loin du Nil, en chantonnant.
Sur le parcours désert, éclairé par de rares lanternes, il longea, seul, le haut mur d’enceinte voilé de nuit. Au bout de l’étroit chemin, le cinquième et dernier réverbère abritait, derrière sa cage de verre maculée de poussière, un feu flottant moins anémique que les précédents. Un cercle jaunâtre et lumineux, comme tracé au compas, teintait la parcelle de terrain autour du pied noirâtre.
Adossé à cette tige en fonte, un enfant se tenait accroupi.
En approchant, Tony reconnut la calotte bleu-pervenche du garçonnet ; celui qui avait ramassé le chasse-mouches pour le rendre à Noda.
Aucun bruit, aucun pas ne le faisait broncher. Tony s’arrêta, attendit ; cherchant à comprendre la raison de cette immobilité.
Entre les jambes du jeune garçon, posé sur les plis de l’ample tunique rayée,