I) Le récit poétique d’une aventure surnaturelle

a) Un poème narratif Le poète en contemplant son verre de vin en écoute « la chanson lente d'un batelier » (v. 2). Ce dernier célèbre l'apparition de « sept femmes » aux « cheveux verts » (v. 3‑4). Effroi du poète : il tente de conjurer leur puissance maléfique en s'entourant de jeunes filles ordinaires, « blondes » (v. 7), inexpressives (« Au regard immobile », v. 8) et sages (« aux nattes repliées », v. 8).
Progression dans l'ordre de l'étrange et de l'inquiétant. Le poète découvre l'ivresse du fleuve lui‑même, le chant du batelier est associé à un thème de mort.
L'éclatement inattendu du verre : « Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire » (v. 13), comme sous l'effet des sorts jetés par les « fées aux cheveux verts ». b) Un paysage rhénan personnifié
Animation du paysage : le fleuve est « ivre », les vignes s'y « mirent » (s'y regardent comme dans un miroir) et « l'or des nuits [les étoiles] tombe en tremblant s'y refléter ». Deux images se dégagent : celle du regard (« se mirent », « tombe [...] [se] refléter ») et celle du tremblement (« tombe en tremblant »).
Thème dominant de la puissance du regard : « Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent », (vers 9) la rupture du lien entre l’antécédent (« le Rhin ») et la subordonnée relative (« où les vignes se mirent ») suggère que c'est parce que les vignes s'y mirent que le fleuve est ivre. De même au vers 10, « Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter », reprend l'image du miroir. Le regard paraît doué d'une puissance magique et dangereuse. NB le poète, pour se protéger des Ondines, appelle à son secours des filles « Au regard immobile» (v. 8).

c) Le recours à la mythologie
Ondines que la mythologie germanique fait vivre au fond des fleuves dans un palais de cristal où elles attirent et gardent prisonniers les hommes de passage. Se réunissant de nuit et « sous la lune» (v. 3), astre maléfique, elles sont