oeil de marquise
C’est à travers l’œil de Marquise que Monique LaRue nous fait partager sa vision de la société. Entre intimité et universalité, un roman dense, riche, réussi.
Au Québec comme ailleurs, il y a des mots tabous : le mot racisme, par exemple. Dans son plus récent roman, Monique LaRue ose aborder de front cette délicate question – et ses corollaires : la cohabitation entre les cultures, les rapports complexes entre indépendance, défense de l’identité, et immigration. Elle le fait avec ses armes - l’art romanesque - et se positionne, comme son héroïne, Marquise, en observatrice plus qu’en partisane. «La littérature a peut-être été un peu frileuse sur la question politique après les deux référendums sur l’indépendance du Québec. Mais je crois qu’il faut absolument affronter cette question.» D’abord parce que «L’homme est un animal historique. (…) Qui voudrait vivre dans l’ignorance des erreurs que ses ancêtres ont mises dans ses bagages?»
Cette question, Marquise l’adresse à une petite fille, symbole d’un avenir que la romancière a choisi de voir avec optimisme. «Nous oublions souvent quelle chance nous avons de vivre au Québec, à Montréal en particulier qui est la dernière ville du monde encore ouverte aux autres.»
C’est d’ailleurs le premier «roman montréalais» de Monique LaRue, sorte d’hommage à la métropole qui lui a, dit-elle, beaucoup apporté. «La diversité, les rencontres qu’on peut faire à Montréal sont d’une richesse que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.»
Ce décor urbain, bilingue, coloré, culturel, multiethnique est troué par des allers-retours ou des souvenirs du Mexique, du Japon, des Laurentides et du Bas-du-fleuve.
Déprime post-référendaire, déclaration de Jacques Parizeau sur «l’argent et le vote ethnique», reconstitution de la Bataille des Plaines d’Abraham, commission Bouchard-Taylor sur les accomodements raisonnables, code de conduite d’Hérouxville, tout nous rappelle l’histoire récente d’une province tiraillée