Oeil du maquignon
Jean- louis Gouju GEDIAPS (Groupe d’Etude en Didactique et Intervention en APS) Université Paris XII Val de marne France
Ghislain Carlier IEPR Université de Louvain la Neuve Belgique
Avoir un œil de maquignon consiste, dans le langage populaire, à pouvoir porter un jugement très rapide et sûr à propos de la qualité recherchée d’une production, d’un objet ou d’un être, sans qu’aucun moyen externe, dédié à objectiver ou fiabiliser le jugement, ne soit utilisé. Les maquignons sont, en France, une corporation professionnelle très fermée de marchands d’animaux de ferme et plus spécifiquement de chevaux. Leur capacité de reconnaissance de la qualité des animaux recouvre ainsi une grande importance économique, justifiant et amplifiant la discrétion qui l’entoure, et l’absence de communication sur d’éventuels moyens employés pour parvenir à ces jugements. Par extension, dans le domaine de l’enseignement de l’Education physique ou du sport, et donc, cela consiste à ce qu’un enseignant ou entraîneur expert puisse porter un jugement sur la production d’un élève ou d’un sportif, sans appui sur des éléments tangibles tels qu’une grille d’évaluation, voire même sans possibilité de verbaliser les moyens employés pour arriver à ce jugement. Ce phénomène rend ainsi compte d’une facette très particulière de la compétence professionnelle de l’enseignant ou de l’entraîneur. C’est notamment sur cette facette que reposent de nombreuses prises de décisions, orientatrices voire évaluatives en enseignement. Il y a donc là un élément important qui échappe aux formalisations théoriques et qui semble
appartenir strictement au domaine de la pratique pédagogique, voisinant ainsi avec l’intuition, le flair et autres expressions tentant de rendre compte du caractère uniquement pratique de cette compétence. Notre objectif est d’approcher ces aspects relativement résistants aux