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Le théâtre, selon Giraudoux, se débat entre deux écueils, le réel et l’irréel : « C’est très simple, cela consiste à être réel dans l’irréel. » Cette réflexion faite sur le genre théâtral peut aisément s’applique à tous les genres littéraires. L’art est évidemment fait d’irréel, il n’est pas besoin d’y insister longuement : personnages qui n’ont de chair que celle que le papier leur confère, cohérence dramatique de leurs destins, langue écrite et non parlée, en vers, etc. Mais au sein de cet irréel, il peut exister une apparition du réel, et, selon Giraudoux, c’est ce qui fait la
Comment, donc, le réel peut-il se manifester dans l’irréel, et comment ce mélange confère-t-il précisément sa valeur à la littérature ? On examinera trois points de rencontre entre réel et irréel : en premier lieu l’irréalité permet de conférer un poids spécifique aux apparitions du réel par un système de contrepoint ; elle peut également renvoyer au réel par un travail critique ; enfin, toute œuvre, aussi fantaisiste soit-elle, est insérée dans un milieu spécifique dont elle se fait l’écho avec d’autant plus de profondeur qu’elle est de valeur.
1. L’irréel permet une apparition plus saisissante du réel
Le réel et l’irréel peuvent entretenir des rapports de mise en valeur qui font apparaître le