On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui
Le rire est un mouvement spontané du corps. Il intervient à un moment précis sans donner l’impression d’être contrôlé. Ne dis-t-on pas d’ailleurs que l’on « éclate » de rire, ceci signifiant une absence de maîtrise de soi pouvant être considérée comme un acte gratuit. Cependant, comme indiqué en introduction, le rire est lié à une disposition de l’esprit qui attribue un caractère comique à un fait venant de se dérouler, ou à des paroles entendues. Cette faculté d’interprétation est une spécificité humaine, ce qui fait écrire à Rabelais, en reprenant la pensée d’Aristote, que « le rire est le propre de l’homme ». Le rire est ainsi une expression universelle chez l’être humain, même si dans la forme les rires sont différents, certains par exemple étant plus sonores que d’autres. Mais son origine est singulière parce qu’il est lié à une représentation du réel. Tout le monde ne s’esclaffera pas de rire face à un évènement unique ou devant les pitreries d’une même personne. Il n’empêche qu’il existe des traits communs au déclenchement du rire. Bergson, par exemple, estime que le comique déclenchant le rire ne concerne que ce qui est proprement humain : « Il n’y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain. Un paysage pourra être beau, gracieux, sublime, insignifiant ou laid ; il ne sera jamais risible. On rira d’un animal parce qu’on aura surpris chez lui une attitude d’homme ou une expression humaine. On rira d’un chapeau, mais ce qu’on raille alors, ce n’est pas le morceau de feutre ou de paille, c’est la forme que les hommes lui ont donnée, c’est le caprice humain dont il a pris le moule » (Le rire – Bergson). Si l’on rit, c’est de l’homme dont il s’agit, et plus particulièrement de son imperfection, de ses échecs, de tout ce qui chez un être humain contrarie son humanité. Le rire peut ainsi se présenter comme une critique, voire comme un censeur, personne n’appréciant être la risée d’autres dont le jugement se conclut par