Ouesh quoi
André Durand présente
‘’Spleen
Quand le ciel bas et lourd…’’
poème de Charles BAUDELAIRE
dans
‘’Les fleurs du mal’’
(1857)
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie, étalant ses immenses traînées, D'une vaste prison imite les barreaux Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambour ni musique, Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir, Vaincu, pleure et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Commentaire
Ce poème, qui figure dans la partie ‘’Spleen et idéal’’ du recueil ‘’Les fleurs du mal’’, est le dernier d’un groupe de quatre, tous intitulés “Spleen” (LXXV, LXXVI, LXXVII, LXXVIII).
Ce mot anglais entré en français depuis 1655, qui signifiait proprement «rate» (car cet organe du corps était considéré comme étant le siège des «humeurs noires»), en était venu, au XIXe siècle, à désigner une mélancolie vague, sans cause apparente, caractérisée par un incurable ennui, une lassitude qui fait qu’on ne prend plus d’intérêt, de plaisir, à rien, un dégoût de toute chose, la perte de tout espoir, l’échec de toute tentative d'évasion, une pénible claustrophobie, la réduction à une prostration résignée et souffrante. Cette forme de neurasthénie, mal à la fois psychique et physique, aboutit à un