Panoramas sur la france contemporaine
A - Les bouleversements du quotidien
Comment saisir les mutations du quotidien ? Par essence, il est impalpable, parce que répétitif, coutumier, habituel. Or ce quotidien a été totalement bouleversé depuis un demi-siècle par l'irruption de nouveaux modes de consommation, et, plus largement, d'existence. Car vivre est assurément très différent en 2003, de ce qui pouvait être en 1945 ou 1950. La vie n'est que le positif de la mort. Après guerre, l'espérance de vie à la naissance atteint très péniblement 60 ans, alors que la mortalité infantile est remontée en flèche à la suite des chocs terribles subis par le pays depuis 1940. Cette volonté de faire triompher la vie se lit largement dans la mise en place d'un système de sécurité sociale, qui se veut aussi général que les allocations familiales. La sécurité sociale n'est pas une initiative isolée en France. Le Welfare State esquissé par Lord Beveridge en Grande-Bretagne (plusieurs textes de référence dès 1942, dont en 1944 Full employment in a free society )montre la convergence des initiatives en Europe. Elles veulent faire passer la société d'une époque où l'épargne, et l'acte individuel, devaient pallier les travers de la vie, à une situation où l'Etat organise et garantit la solidarité entre tous les citoyens, singulièrement les plus démunis. Cette volonté est très loin de rencontrer l'adhésion générale. Dès l'origine, les catégories les plus aisées ou les plus attachées à une sourcilleuse autonomie matinée d'égoïsme, ont refusé l'extension du régime général (travailleurs indépendants, professions libérales, petits commerçants…). D'un autre côté, et systématiquement, ceux qui étaient dotés d'un régime particulier parfois arraché de haute lutte (SNCF, mineurs…) ont refusé de se fondre dans la masse, ce qui a eu pour l’avenir des conséquences nombreuses, et fâcheuses. (Ordonnances de décembre 1944 et d'octobre 1945 relatives à ces matières, pour le Ministère du Travail et de la Prévoyance