Après presque 30 ans d’économie maoïste, la Chine s’est engagée depuis 1978, sous l’impulsion de Deng Xiaoping, sur la voie de la modernisation économique. Les « Quatre Modernisations » industrie, agriculture, recherche et défense entreprennent alors le passage de la Chine vers une économie de marché et une ouverture contrôlée de l’économie chinoise vers l’extérieur. Deng Xiaoping favorise l’apparition d’un secteur privé et re-dynamise fortement les forces productives du pays, selon la formule « il est glorieux de s’enrichir ». A partir des années 1990, l’économie chinoise entre dans une phase d’expansion inédite dans son ampleur et dans son intensité, en accroissant à long terme et de façon soutenue sa production annuelle. Aujourd’hui, la croissance chinoise fascine autant qu’elle fait peur ; elle fascine parce qu’elle fait appel à des ordres de grandeur incomparables aux standards occidentaux, et elle fait peur parce qu’elle semble profondément instable. Comment alors caractériser la croissance chinoise ? Quelles sont les sources d’une telle expansion ? En quoi la croissance chinoise est‐elle cependant instable et socialement coûteuse ? Pour répondre à cela, nous ferons dans une première partie le constat de cette croissance exceptionnelle avec ses facteurs et ses caractéristiques. Dans un second temps, nous montrerons que cette hyper croissance n'est pas profitable à tous et que le prix social et environnemental d'une telle activité est aussi démesuré que l'hyper croissance chinoise qui l'a engendrée.
I. La Chine : Des performances économiques exceptionnelles
L’évolution économique récente de la République Populaire de Chine est l’objet depuis quelques années d’un regain d’intérêt avec une attention plus particulière sur l’explication de la croissance économique rapide et des modifications importantes qui ont accompagné la mise en place de la politique d’ouverture dans le pays, ainsi que les réformes qui ont été adoptées depuis 1978. Si cet