Pascal
Blaise Pascal, mathématicien et philosophe de renom du XVIIème siècle, entreprit d’écrire en 1658 une apologie de la religion chrétienne, mais sa mort en 1662 laissa l’ouvrage inachevé. Les Messieurs de Port-Royal se lancèrent alors dans la publication posthume des quelques huit cents fragments laissé par l’auteur, et donnèrent à cette œuvre le titre de « Pensées ». Le but principal de cette apologie est, pour Pascal, de convaincre le libertin de la nécessité de la foi en Dieu. Pour mieux convaincre son lecteur de la « misère de l'homme sans Dieu », Pascal dépeint l’être humain dans sa faiblesse, jouet des « puissances trompeuses », parmi lesquelles l'imagination, qui fausse le jugement de la raison. Quel rôle tient l’imagination dans la vie spirituelle de l’homme ? Nous commencerons par définir ce qu’est l’imagination pour Pascal, puis nous en déduirons les effets et les conséquences qu’elle a sur l’homme, et enfin, nous étudierons la manière dont Pascal use du concept de l’imagination pour amener le libertin à la foi.
Pascal suppose que l’esprit humain n’a que deux domaines : la raison et l’imagination. Selon lui, l’imagination est un domaine clairement mauvais, il n’a d’ailleurs pas de mots assez durs pour en parler : elle est selon lui un des « principes d’erreur », « maîtresse d’erreur et de fausseté » (fragment 41) toute puissante (Pascal use en effet de la métaphore et la désigne comme « maîtresse du monde » -fragment 41) dont le pouvoir s’étend à tous les hommes indépendamment de leur condition : la raison s’oppose donc à la raison. Il suffit d'un rien, d' « une mouche [qui] bourdonne à nos oreilles » (fragment 44) pour que l'homme perde toute raison, à laquelle l'imagination oppose « une puissance ennemie » (fragment 41). Son pouvoir est tel qu'elle a une emprise sur l'homme en dehors même de tout support, au point que les rois lui