Paul eluard
Le recueil se construit donc autour de l’admirable «Le temps déborde», composé après la mort de Nusch, brutalement emportée le 28 novembre 1946, alors qu’Éluard se soignait à Montana, dans le Valais. Ainsi que l’observe le critique Georges Poulet, l’événement singulier, anecdotique fait irruption dans la lyrique amoureuse d’Éluard, qui jusque-là affranchissait l’amour des lieux et des circonstances pour le vouer à l’intemporel et à l’universel. «Le temps déborde» rejoint ainsi au plan personnel la «poésie de circonstance» collective de Cours naturel et d’Au rendez-vous allemand. Cet événement inacceptable, impensable même, qui faillit plonger Éluard dans la folie, est au cœur du poème, qui tente d’approcher l’indicible. Dans « Notre vie », Eluard évoque la mort de Nusch. Quelle voix poétique peut s’élever autour d’une disparition, de l’absence pleurée de l’être aimé ?
Nous verrons dans une première partie le topos pétrarquise de la mort de la femme aimée et son traitement moderne ; puis, le chant d’amour qui s’élève