Peirce et pragmatique
La pragmatique, l’étude des actes de langage, de l’usage de la langue en contexte et dans le discours, est généralement considérée comme une discipline assez jeune. Mais quand on y regarde de plus près on constate qu’elle se nourrit de traditions diverses, enracinées dans la rhétorique, la psychologie, et la philosophie du droit entre autres. Les quatre courants majeurs qui ont formé la pensée pragmatique européenne sont : la filiation française qui étudie les marqueurs de subjectivité dans le langage ; la filiation allemande qui étudie les marqueurs dialogiques dans le langage aussi bien que la fonction du langage qui consiste à influencer les autres ; la filiation anglaise qui analyse les actes de langage comme des opérations sociales et enfin, la version américaine de la pragmatique, qui est issue du pragmatisme ayant ses racines dans la théorie médiévale des signes, la sémiotique lockienne et la philosophie de Kant. Les mots-clés de cette dernière, représentée par Charles Sanders Peirce et Charles Morris qu’on va analyser dans le cadre de ce rapport sont : pragmatism, meaning, action, behaviour, interpretant, semiosis.
I. BIOGRAPHIE ET ACTIVITÉ DE L’AUTEUR
Charles Sanders Peirce (10 septembre 1839 - 19 avril 1914) est un sémiologue et philosophe américain. Il est considéré comme le fondateur du courant pragmatiste avec William James et, avec Ferdinand de Saussure, un des deux pères de la sémiologie (ou sémiotique) moderne et comme un des plus grands logiciens. Ces dernières décennies, sa pensée a été l'objet d'un regain d'intérêt. Il est désormais considéré comme un novateur dans de nombreux domaines, en particulier dans la façon de concevoir les méthodes d'enquête et de recherche et dans la philosophie des sciences. William James, qui introduisit le terme en philosophie, attribue à Charles Peirce la fondation du pragmatisme. Toutefois, contrairement à d'autres pragmatistes comme James ou John Dewey, Peirce conçoit le pragmatisme comme