Peut-on critiquer une croyance religieuse ?

« Heureux êtes-vous lorsqu’on vous insulte, que l’on vous persécute et que l’on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi » (Matthieu 5/11) » Ces paroles de l'évangile selon Matthieu semblent indiquer que l'on peut critiquer une croyance religieuse et que dans le cas du christianisme, le croyant doit même s'en réjouir. Pourtant, cela induirait que la critique d'une croyance religieuse implique forcément qu'on émette un jugement négatif à son égard. Or, en philosophie, la critique est un examen de la valeur morale ou cognitive de quelque chose. Elle n'implique donc pas nécessairement un jugement négatif car il ne s'agit pas forcément remettre en cause ou dénigrer. Cela signifie d'abord analyser et lorsqu'on analyse on peut trouver des points négatifs comme des points positifs. Critiquer, en ce sens, c'est juger. Critiquer renvoie aussi au verbe "limiter" c'est-à-dire mettre des limites, des bornes, restreindre, ainsi la Critique de la raison pure de Kant explicite les limites de la raison.
La croyance implique de tenir quelque chose pour vrai, indépendamment de preuves éventuelles de sa réalité. Par métonymie, le terme désigne aussi l'objet de cette croyance. Le concept philosophique de croyance fait partie de la théorie de la connaissance. Ainsi, la religion, au sens le plus large, désigne l'ensemble des faits sociaux ritualisés tournés vers une dimension surnaturelle ou métaphysique. D'autre part, on peut interroger l'étymologie du terme religion : il vient du latin religere mais aussi de religare. La première notion signifie relire et implique un texte sacré, pour dénicher un sens qui nous aurait échappé. Ce peut être aussi revenir sur ce que l'on a fait avec attention, dans ce cas la religion passe par une attitude de recueillement, ou par la pratique de la confession dans la religion chrétienne. La seconde notion signifie relier, relier les hommes à une transcendance et les relier entre eux.