Peut-on desirer sans souffrir?
Le désir est le signe d’une insatisfaction qu’il faut à tout prix combler. Il implique nécessairement la souffrance. D’une part, le désir est vécu comme un manque, un manque qui n’est pallié que par l’obtention de l’objet désiré. C’est ce qu’affirme Socrate, dans Le Banquet de Platon : « Le désir est manque ». Mais il faut distinguer la notion du désir de la notion du besoin : la réalisation du besoin se pose comme vitale, tandis que celle du désir ne l’est pas. C’est pourquoi on peut estimer que désirer n’est que rechercher des choses vaines et inutiles. Cette conception du désir rejoint celle d’Epicure qui, dans sa Lettre à Ménécée, fait une distinction entre les désirs naturels (nécessaires et vitaux) et les désirs vains, qui en fait, sont le fruit des pulsions de mort d’un individu. D’autre part, puisque le désir est la volonté de combler un certain manque, il devient, en lui-même, une souffrance qui ne s’achève que provisoirement, car sa satisfaction est éphémère et engendre d’autres désirs. Désirer, c’est donc tomber dans un cercle vicieux infini : « le désir satisfait fait place à un nouveau désir », d’après Schopenhauer, dans son œuvre Le Monde