Peut-on faire du plaisir une philosophie ?
Catégorie: Philosophie
La première conférence-débat de la semaine nationale de la philosophie a eu lieu le lundi 14 avril 2008 à la salle du Conseil de la mairie de Port-louis. Elle avait pour titre « Peut-on faire du plaisir une philosophie ? ». Nous avons d’abord présenté les multiples accusations et châtiments qu’ont subi les philosophes libertins au XVIIe siècle. Ensuite, nous avons présenté l’ecclésiaste et philosophe Pierre Gassendi (photo à droite), qui va tenter de « réhabiliter » Epicure (philosophe grec antique qui met le plaisir au centre de sa philosophie) comme un philosophe digne de ce nom. Pour terminer, nous irons plus loin que notre conférence et nous verrons comment il est possible (et souhaitable) pour une meilleure vie de faire du plaisir le moteur de l’existence.
I.- DÉNONCIATION ET CONDAMNATION DU LIBERTINAGE
Il est difficile d’être libertin au 17ème siècle. Nous sommes à Toulouse, le 9 février 1619. Voici ce que l’on fit au philosophe libertin Jules César Vanini : « Avant de monter sur le bûcher, on lui ordonna de livrer sa langue au couteau ; il refusa ; il fallut employer des tenailles pour la lui tirer, et quand le fer du bourreau la saisit et la coupa, jamais on entendit un cri plus horrible. » Il sera étranglé, son corps brûlé et ses cendres dispersées.
Quelques années plus tard, le poète Théophile de Viau connaîtra un sort tout aussi terrible : avant qu’on ne parvienne à l’arrêter et à le jeter en prison ¬où il meurt le 25 septembre 1626, on l’exécute par contumace, on fait un autodafé de ses recueils de poèmes. Les mots injurieux et péjoratifs n’ont pas manqué au XVIIe siècle en France et en Europe pour les libertins : on les accusait à la fois d’hérétiques, de mécréants, d’athées, de blasphémateurs, de dissidents ou de libres penseurs.
Et pour continuer dans les termes dévalorisants et insultants qui les montraient du doigt, on les accusait de débauchés, de matérialistes, de