Philo obligatoire n 1
Camille
TS3
Les qualités de l'artiste sont-elles celles des artisans ?
Étymologiquement, le mot art renvoie d’abord à l’idée d’un savoir-faire : pour les Grecs, l’art était d’abord une tecknè, c’est-à-direune technique, une habile façon de s’y prendre dans un domaine donné. Ainsi, l’Antiquité ne faisait pas de différences strictes entre le métier de l’artisan et l’activité de l’artiste et considérait que le potier et le poète étaient tous deux des hommes de l’art. L’art était en effet d’abord vu comme une habileté, une méthode acquise par apprentissage et reposant sur des connaissances empiriques.
Cependant, au fil des siècles, la différence entre l’artiste et l’artisan devient plus marquée. Au 18e siècle, on parle désormais deBeaux-Arts pour désigner exclusivement les productions de l’artiste. L’artiste n’est plus alors un artisan particulièrement habile mais un homme doué de génie et capable de créer un inédit porteur de sens.
Nous distinguons habituellement l’artiste de l’artisan -même si l’un et l’autre disposent d’une technique ; mais on dit du premier qu’il produit des objets, souvent associés à une fonction, à une utilité, tandis que le second crée, davantage qu’il ne produit, une «œuvre». On peut de cette manière penser que l’un travaille, et l’autre non. Le critère essentiel demeure celui de l’utilité : ce qui est utile n’a pas pour fonction première d’être beau. On n’attend pas de l’artisan qu’il soit «génial» ; mais on cherche les traces du génie chez le peintre, le sculpteur, le musicien ou l’écrivain.
Parmi tous les objets fabriqués par l'homme, et qui peuplent notre monde, nous en isolons certains auxquels nous accordons la qualité d'œuvres d'art. Certes, l'œuvre d'art est un artefact au sens large, c'est-à-dire le produit d'une fabrication humaine, et à ce titre elle s'oppose tout comme l'objet courant à tout ce qui est « naturel », c'est-à-dire à tout ce