Philo
Les sociétés modernes se caractérisent par la place et la valeur essentielles qu'elles accordent au travail. Celui-ci a en effet permis leur développement et leur enrichissement. Mais, paradoxalement, dans ces mêmes sociétés, les loisirs ne cessent de s'étendre. Cela n'indique-t-il pas que le travail est avant tout une limite imposée à notre liberté, limite à laquelle nous cherchons à échapper dès que nous en avons le loisir ? Travailler, n'est-ce pas s'aliéner, c'est-à-dire devenir étranger à soi-même, être dépossédé de soi-même ? Le travail est-il vraiment aliénant ?
En droit, désigne le fait de donner ou de vendre. C'est le sens qu'utilise Rousseau dans Le Contrat social.
■ Pour Hegel, Feuerbach et Marx, l'aliénation est le processus par lequel un individu est dépossédé de ce qui le constitue au profit d'un autre, ce qui entraîne un asservissement. Le travail est libérateur. Le travail n'est pas aliénant puisqu'il a permis à l'espèce humaine de s'éloigner de son animalité originaire. En outre, en transformant la nature, l'homme lui donne la forme de son intériorité et peut ainsi accéder à une certaine reconnaissance de lui-même dans ce monde qui porte sa marque. Enfin, en créant quelque chose de stable en dehors de lui, il peut surmonter son angoisse de la mort. Mais si le travail, dans son essence, est libérateur, il a revêtu, dans l'histoire, des formes concrètes aliénantes. Le profit est du travail exploité. Dans la société capitaliste, le travailleur est libre mais il est aussi libre de tout, cad ne possédant que sa force de