Philo
Penser est le propre de l'homme. Qu'il soit en train de manger, de travailler, ou qu'il dorme, l'homme exerce l'activité de penser. Ainsi, il y a deux manières de penser : l'homme peut penser rationnellement, c'est-à-dire, en faisant usage de sa propre raison, en cherchant en quelque sorte à définir tous les mots qui lui viennent à l'esprit, en les classant, pour parvenir à savoir ce qui est vrai. Mais l'homme peut également penser par images, c'est-à-dire, en laissant indolemment le flux de ses impressions sensibles face au monde qui l'entour s'installer dans son esprit. Prenons l'exemple d'un sujet qui, lisant un texte, pense immédiatement, sans réfléchir : "ce que dit ce texte est vrai". Cet homme s'est laissé emporter par le flux de ses impressions sensibles : il se trompe lui-même, et se dirige par conséquent vers "de mauvais sentiers" (cf. Le Poème de Parménide). Il croit en effet que c'est parce qu'il aime ce texte qu'il est vrai; il a pensé par images, et non rationnellement, c'est-à-dire qu'il n'a nullement cherché en lui-même en exerçant sa raison si ce que dit le texte est vrai. Alors, penser ou ne pas penser ? Telle est la question...(1) Partie I
Lorsque l'homme vient au monde, il naît avec la faculté de penser, mais il est ignorant. Ce qui, par la suite, va donc indubitablement façonner sa pensée, ce sera la culture. Mot quelque peu ambigu que ce mot "culture". Il faut entendre par là que "je" penserai le monde qui m'entoure selon les institutions, les coutumes de mon pays, de ma race, selon encore les préjugés, les idées reçues, les opinions, etc. Mais n'y a-t-il pas risque d'aveuglement lorsque l'on pense de cette façon, à savoir, que l'on est commandé, non par soi-même, mais par la société ? (2) Mais n'y a-t-il pas risque également dans le fait de vouloir ôter toute limite à sa liberté, et de confondre l'usage public de sa raison avec l'usage privé de celle-ci ? (3) Bien sûr, il faudra d'abord savoir si tout individu peut