Philosophe jusqu'au bout des doigts.
Peut-on qualifier d’inhumaines certaines actions de l’homme ? [Introduction]
C'est un lieu commun que de reconnaître que l'homme est capable du meilleur comme du pire. Mais nous ne ferions qu'effleurer notre sujet qui commence au-delà du pire, là où l'odieux provoque la nausée. Il est ainsi des actes dont nous ne pouvons accepter qu'ils soient le fait de l'homme. Nous préférons les qualifier d'inhumain1.', croyant ainsi les imputer, explication commode, à on ne sait quelle bestialité primitive, Cette appellation est-elle philosophiquement fondée ? Peut-on qualifier d' inhumaines certaines actions de 1 'homme ?
A coup sûr, une telle qualification est ambiguë, paradoxale même: censée au départ dénier à 1 'homme la paternité de ce qui est indigne de lui, elle finit par insinuer le doute sur sa véritable nature, Et si l'homme contenait en lui la possibilité de l'inhumain ?
Faut-il comprendre par là que l'homme a de la bête en lui ? Peut-on penser ce monstre logique d'une inhumaine humanité ? Trop occupée à faire le compte des différences qui nous distinguent de l'animalité, la réflexion n'a-t-elle pas pris l'image idéalisée de l'homme pour l'homme réel ?
[Partie I. L'inhumain et le crime contre l'humanité.]
Alain Finkielkraut, philosophe contemporain, nous invite à distinguer deux choses dans ce que l'on qualifie d'inhumain : d'une part, ce que l'émotion nous fait appeler de ce nom, au sens de ce qui nie la vertu d'humanité. C'est ainsi que du violeur d'enfant ou du tortionnaire qui reste insensible aux gémissements de sa victime, nous disons couramment qu'ils sont inhumains. Nous le disons aussi de leurs actes: « C'est inhumain. » Nous avons du mal à croire que de tels actes puis- sent