Cette longue tirade se trouve à la fin de la scène 3 de l’acte 1. On sait depuis le début de la pièce que Phèdre souffre d’une maladie mystérieuse et qu’elle se laisse mourir. Au début de la scène 3 son apparition est très théâtrale : elle est mourante et veut se suicider, elle est dans un état second. Elle est murée dans une souffrance dont elle ne veut pas révéler la cause : il faut toute l’insistance d’Oenone pour qu’elle finisse par avouer qu’elle vit une passion dévorante pour son beau fils Hippolyte. Contrastant avec l’extrême difficulté qu’elle a éprouvée à révéler cette passion, elle se laisse aller à retracer la genèse de cette passion, ainsi que ses vaines tentatives pour le fuir et l’éloigner. La passion de Phèdre née subitement, coup de foudre. Cette passion se révèle être d’une intensité extrême, Phèdre la vie tel un mal, elle est troublée et perdue. Le trouble que lui procure cette passion se manifeste par la vision, à travers une hyperbole (vers 275) « Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler » ainsi qu’un champ lexical: celui de la vision « mes yeux », « voyant » ; elle est dans une quasi aphasie, en effet cette insistance sur ce qui concerne la vision met en exergue le trouble qu’éprouve Phèdre ainsi que son obsession pour Hippolyte. « Je le vis je rougis, je pâlis à sa vue », « Je sentis tout mon corps et transir et brûler ». On constate le changement brutal des couleurs du visage qui témoigne de l’intensité du sentiment éprouvé, la juxtaposition des états physiques opposés qui met en relief le passage sans transition d’un état à son contraire ce qui évoque le tourment. Même contraste dans la succession des sensations éprouvées dans tout son corps, à la fois glacé et brûlant, qui reprend l’opposition rougir/pâlir. Les symptômes de cet amour s’apparentent aux symptômes que peut procurer une maladie. On observe aussi une répétition « et » qui fait songer à un essoufflement, celui de Phèdre, qui est victime d’une fatigue liée à